En 2023, deux tremblements de terre majeurs ont frappé la région de l'est de la Turquie, faisant s'écrouler des milliers de bâtiments et en endommageant des centaines de milliers d'autres.  

Plus de 14 millions de personnes se sont retrouvées instantanément sans abri, y compris tous les membres de la communauté de croyants malentendants, qui compte 10 personnes. Certains sont restés dans des écoles où il n'y avait même pas de place pour s'asseoir, d'autres dans des tentes remplies de fumée de charbon et d'autres encore se sont enfuis dans leurs maisons de village (la plupart des gens ont une maison dans le centre ville avec du gaz naturel pour l'hiver et un logement dans le village avec leurs terres et leurs animaux).

Immédiatement après les tremblements de terre, une tempête hivernale s'est abattue sur la région, et de nombreuses personnes qui s'étaient rendues dans leur village situé dans les montagnes n'avaient plus accès à la nourriture ni à l'eau. Une famille nous a raconté qu'après avoir vécu pendant des jours avec du pain rassis et des cornichons, elle a finalement pu quitter le village et traverser le pays pour se rendre chez des membres de sa famille. Cependant, ces derniers, également traumatisés par le tremblement de terre et ayant besoin de plus d'espace personnel, les ont rapidement mis à la porte. La famille s'est retrouvée sans abri, incapable de retourner dans sa ville ou sa maison, et a fini par vivre avec un ami. Leur histoire est semblable à beaucoup d'autres que nous avons entendues.

Le jour même du tremblement de terre, les églises des villes voisines, dont celle que je fréquente, se sont mobilisées pour aider les personnes dans le besoin. Elles ont mis en place une soupe populaire itinérante et se sont rendues dans la ville dès la première nuit. C'était la seule nourriture que l'on distribuait, et même un millier de tasses de soupe ne semblaient pas faire le poids. La soupe populaire, garée près de l'hôpital, a également fourni de la nourriture aux médecins et aux infirmières qui travaillaient 24 heures sur 24 pour dégager les gens des décombres. Finalement, avec l'installation de campements, la soupe populaire a obtenu l'autorisation du gouvernement d'installer une cuisine complète à côté de l'hôpital. Peu à peu, au fur et à mesure que les ressources devenaient disponibles, la soupe populaire a commencé à servir trois repas par jour.

Éparpillés dans tout le pays, de nombreux membres de la communauté malentendante perdaient espoir. Ils avaient quitté la ville sans affaires, sans rien et se sentaient délaissés. Sans amis ni interprètes, il était difficile d'obtenir de l'aide et ils étaient très seuls. Quelques-uns d'entre eux sont finalement retournés en ville. Ils l'ont trouvée en ruine, leurs maisons étaient encore debout mais tous les murs étaient fissurés.Devant le danger que représentait vivre dans ces batiments en ruine, ils ont décidé de rester chez les proches ou la famille.

Un matin de printemps, un couple et son fils adulte de la communauté se sont rendus à pied de la maison d'un parent à la soupe populaire. Ils ont vu les deux conteneurs et la tente qui avaient été installés avec d'énormes casseroles d'aubergines, de tomates, d'oignons et de morceaux de bœuf en train de cuire. Ils ont vu la station de thé turc, installée pour servir des centaines de tasses de thé à la fois, et les visages souriants des volontaires internationaux venus du monde entier pour aider les personnes touchées par les tremblements de terre. Ils ont vu la file d'attente se former au fur et à mesure que les délicieuses odeurs de nourriture se répandaient sur le parking de l'hôpital et dans le campement. Ils ont vu la police et les pompiers faire la queue aux côtés du personnel de l'hôpital et des personnes qui ont perdu leur maison et leurs proches. Voyant tout ce qui les entourait, la famille a contourné la file d'attente afin de rejoindre les bénévoles et a commencé à verser du thé chaud.

En servant et en aimant ceux qui étaient venus à la table, une famille a retrouvé l'espoir.